Sylvia Troletti est dans l'avion qui l'emmène vers Carcassonne. Elle vient de relire pour la énième fois le petit bout de papier qui traîne au fond de sa poche et l'appréhension continue de se lire sur son beau visage. Mais les hôtesses ont prié les passagers de se sangler sur leurs sièges, le Boeing 747 amorçant sa procédure d'atterrissage.
Et la voici partie bon train vers sa destination.
L'esprit en ébullition, elle regarde machinalement le paysage qui défile.
Un panneau de signalisation lui indique bientôt qu'ils sont arrivés. C'est avec un léger pincement au coeur qu'elle demande au chauffeur de la déposer devant le premier hôtel.
Des pas qui crissent sur le gravier mêlés au bruit d'une respiration haletante lui font brusquement tourner la tête. Elle n'aperçoit pas le ou les responsables, hormis une silhouette furtive qui s'est aussitôt fondue dans la nuit naissante, créant du même coup une atmosphère inquiétante, ce qui la fait frissonner l'espace d'un instant. Après un dernier regard jeté aux alentours, elle s'est éloignée d'un pas étouffé, s'empressant de se diriger vers la sortie.
Un cri sinistre et perçant vient de retentir, aigu et soutenu, comparable au cri sans fin d'un rapace torturé, suivi d'un silence non moins angoissant, la figeant instantanément dans une immobilité de statue. Son corps s'en trouve subitement paralysé, totalement insensible à la morsure que sa mâchoire inflige à sa lèvre inférieure, tandis qu'elle croit discerner une ombre imprécise qui se glisse entre les tombes. Une lueur d'effroi s'est allumée dans ses prunelles. Elle est toutefois parvenue à se reprendre pour se hâter vers la grande grille donnant accès au cimetière. L'oreille aux aguets, elle perçoit à présent un bruit de course qui va en s'amplifiant, se dirigeant à n'en pas douter dans sa direction, tandis que résonne un souffle rauque.
C'est en courant qu'elle franchit la distance la séparant de son hôtel sans même s'être retournée, pour se ruer sur le portillon d'accès, heurtant brutalement l'homme qui quittait tranquillement l'établissement ...
Celui-ci s'est empressé de lui adresser un sourire des plus rassurants, visiblement plus amusé par la mine confuse qu'elle continue d'afficher, que semblant se formaliser de l'incident dont il vient de faire les frais. Il la dévisage à son tour d'un air surpris ...
L'ennui et l'hésitation semblent aussitôt prendre possession de la jeune femme.
Emmitouflée au c½ur d'un parc immense tapissé de pelouses verdoyantes et de massifs fleuris, elle est éclairée comme en plein jour par des rampes de projecteurs dissimulées sous des tapis de verdure.
Ils en ont à peine franchi le seuil, qu'un domestique en livrée, portant l'habit de majordome avec gilet jaune rayé de noir, s'est déjà précipité. Il salue la nouvelle arrivante avec courtoisie, dans la plus stricte tradition du protocole anglo-saxon, en y ajoutant une respectueuse inclinaison du buste. L'accent avec lequel il s'est exprimé ne laisse aucun doute quant à sa nationalité.
La berline du professeur vient de se garer le long de la rue principale de Lavelanet, libérant aussitôt son trio d'enquêteurs occasionnels.
- Tout le monde ici le surnomme ainsi à cause de ses mains palmées. Vous savez, comme le canard du même nom dans les bandes dessinées... sourit le garçon en mimant brièvement le palmipède... D'ailleurs, à Lavelanet nous ignorons tous sa véritable identité... confie-t-il encore.
Mais il vient de tressaillir en posant son regard sur la jeune femme, avant de la dévisager avec une intensité quasi insoutenable ...
Devant cette entrée en matière plutôt musclée, l'autre semble subitement mal à l'aise.
- Je comprends parfaitement votre scepticisme. Mais le message que j'ai adressé à mademoiselle Troletti est la stricte et impensable vérité.
Devant ce brusque changement d'attitude, Gédéon semble subitement déconcerté, sans toutefois saisir correctement le sens de ce revirement, pour le moins inattendu.
La conduite intérieure pilotée par Dany Ballantine vient de se garer dans une rue avoisinant le cimetière.
C'est le c½ur battant la chamade, qu'ils arrivent en vue du tombeau censé renfermer la dépouille de la jeune femme. Ils n'en sont plus qu'à quelques pas ; la lampe vient même d'accrocher la sépulture ... Mais ils se sont aussitôt immobilisés, échangeant des regards effarés et Ballantine a eu un imperceptible froncement de sourcils.
Visiteur, Posté le vendredi 25 juillet 2014 08:25
vite donne nous la suite ....!!!