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L'Enigme de la Dame Blanche (SF - Stephan LEWIS)

L'Enigme de la Dame Blanche (SF - Stephan LEWIS)L'Enigme de la Dame Blanche  
 
Stephan LEWIS             
 
         12 juin 2002 ... 
        
         Il est un peu plus de vingt deux heures ...
       
        Un sexagénaire à l'aspect distingué reflétant visiblement le flegme britannique, roule tranquillement pleins feux au volant de sa Jaguar E sous un ciel piqueté d'une myriade d'étoiles. L'esprit ailleurs, il se dirige vers Lavelanet, petite commune de l'Ariège.
       
        Il vient de dépasser la bretelle de Foix et il ne lui reste qu'une dizaine de kilomètres à parcourir. D'un geste machinal, notre homme allume la radio et prête une oreille distraite aux nouvelles condensées, que donne une speakerine à la voix agréable. La nuit est lumineuse, l'air tiède et malsain. Le véhicule vient de négocier un virage serré, lorsque dans le faisceau de ses projecteurs le chauffeur distingue une forme blanche plantée au milieu de la chaussée à moins d'une cinquantaine de mètres de distance. Surpris, il décélère jusqu'à stopper à hauteur d'une jeune fille toute de blanc vêtue.
       
        Il fait aussitôt coulisser sa vitre...
        
        - Bonsoir mademoiselle ... Vous allez vous faire renverser ! Que faites-vous donc par ici à pareille heure ?... s'étonne ce dernier en s'exprimant avec un léger accent anglo-saxon.
        
        - Je me rends à Lavelanet... Pouvez-vous m'emmener en ville ? C'est là que j'habite... indique la jeune personne d'une voix sourde et mécanique, dont le visage reflète une pâleur des plus singulières.
        
        Bien que surpris par la tonalité de sa voix, le conducteur lui a retourné un sourire pincé, mais indulgent. Avec un léger haussement des épaules, il s'est incliné pour lui ouvrir galamment la portière et l'invite à s'installer sur le siège avant. Puis le véhicule poursuit aussitôt sa route ...
        
        Chemin faisant, notre homme détaille furtivement sa passagère à la dérobée, d'un ½il réservé et discret par-dessus ses petites lunettes qu'il porte sur le bout du nez ... 19-20 ans. Vêtue d'une robe blanche très années 60. Plutôt agréable à regarder, bien que curieusement pâlotte et ... peu bavarde, ne soufflant même le moindre mot. L'autoradio qui diffuse un programme de musique légère, meuble à lui seul cette morne atmosphère.
        
        Le chauffeur fait encore quelques tentatives pour nouer conversation, mais ses efforts demeurent toutefois infructueux, sa passagère ayant adopté une passivité quasi alarmante. Elle demeure inexplicablement silencieuse et immobile, un peu raide sur son siège, étrangement indifférente à tout ce qui l'entoure, presque absente.
        
        Ils roulent depuis maintenant une dizaine de minutes. Un silence gênant, presque pesant règne à bord, lorsqu'une pluie tiède et pénétrante se met soudainement à tomber avec une extrême violence. De grosses gouttes s'écrasent sur le pare-brise, alors que la  berline vient de dépasser le panneau signalant leur destination.
        
        La pluie s'abat bientôt en un véritable déluge, comme si une main géante avait ouvert un titanesque robinet. Une bourrasque souffle même soudainement sur la commune, tandis que la Jaguar emprunte la rue principale totalement désertée, éclairée succinctement par quelques enseignes au néon restées allumées.  
       
        La jeune fille désigne bientôt une habitation à peine distincte, perdue au fond d'un grand parc.
       
        - C'est ici que j'habite... indique-t-elle d'une voix plutôt froide, en remuant à peine les lèvres.
       
        N'y accordant aucune attention particulière, le conducteur lui propose courtoisement son imperméable, le temps pour sa passagère occasionnelle d'aller quérir un parapluie afin d'être en mesure de lui restituer son bien.
       
        Sans la moindre formule de remerciement pour son bienfaiteur, elle a jeté le vêtement de pluie sur ses frêles épaules avant de se diriger d'un pas lent vers le lourd portail qui s'est ouvert en grinçant sinistrement. Puis, elle s'est fondue dans la nuit.
        
        Son moteur tournant au ralenti et après avoir essuyé la buée qui se déposait sur la vitre d'un revers de la main, le chauffeur enfonce une allumette craquante dans le fourneau de son brûle-gueule. Il décide de patienter en écoutant distraitement la radio, sous l'égrenage incessant des va-et-vient monotones de ses balais d'essuie-glace qui se sont emballés pour chasser le voile hydrique ruisselant en continu sur le pare-brise.
        
        La rue est à présent balayée par des trombes d'eau qui se déversent sur la bourgade prise au sein d'un violent orage.
        
        Dix minutes se passent au c½ur d'un silence seulement troublé par les battements de la pluie torrentielle qui a redoublé d'intensité, sans que la jeune fille n'ait refait son apparition.
        
        Après avoir réprimé un mouvement d'impatience assorti d'un soupir de lassitude, le conducteur s'est rangé prudemment sur le côté de la chaussée contre la bordure du trottoir. Il coupe les gaz et éteint ses phares. Puis, il relève frileusement le col de son veston pour se ruer, la tête rentrée dans les épaules, sous la pluie battante et le vent qui souffle en rafales, en direction du portail resté entrouvert.
        
        Il traverse à présent le parc d'un pas pressé en frissonnant dans la nuit froide. Après avoir gravi les quelques marches menant au perron de l'habitation, il a trouvé refuge sous le porche protecteur de la porte d'entrée.
        
        Un léger trait de lumière filtre à travers les volets de l'une des grandes baies vitrées. Avec un geste d'humeur, il s'éponge succinctement le visage, chasse nerveusement une mèche rebelle collée sur son front partiellement dégarni et essuie précautionneusement les verres de ses binocles. Sa redingote ruisselle de pluie, aussi se décide-t-il sans plus attendre et au risque qu'on le prenne pour un importun, à utiliser la sonnette ...
        
        - Quel toupet !... murmure-t-il entre les dents... La jeunesse d'aujourd'hui est d'une ingratitude !
        
      Le parc vient de s'illuminer, dévoilant ses pelouses verdoyantes et les massifs fleuris qui le tapissent... Mais la porte s'entrouve craintivement sur un homme âgé et squelettique, au faciès en lame de couteau et aux cheveux blancs. Il porte un vêtement d'intérieur. La mine étonnée et méfiante qu'il affiche ne surprend pas outre mesure son visiteur, étant donné l'heure avancée de la nuit.
        
        - Cher monsieur, pardonnez mon intrusion à cette heure tardive ... s'excuse ce dernier sur un ton empressé en prenant un air navré assorti d'un sourire gaufré... J'aurais souhaité récupérer la gabardine que j'ai prêtée il y a un quart d'heure à la jeune personne que je viens de déposer.
       
        Le vieil homme le dévisage d'un air interloqué à l'instant où surgit à son tour une femme d'un âge avancé, certainement l'épouse, accourue à la rescousse. Elle lui retourne elle aussi un regard sans équivoque, empreint d'une évidente suspicion.
       
        - Il n'y a aucune jeune personne ici... rétorque le vieillard d'une voix sèche et courroucée, visiblement sur ses gardes... Vous devez vous tromper d'adresse monsieur. Il y a assurément erreur... ajoute-t-il d'un air farouche en ébauchant même un geste d'indifférence, voire de mauvaise humeur.
       
        Poussée par une main rageuse, la porte a claqué au nez de ce visiteur visiblement indésirable.
        
        L'attitude du maître de maison, aussi inconvenante qu'inattendue, a pour conséquence d'exaspérer notre homme, lui faisant même perdre une bonne partie de son flegme naturel. Après avoir haussé les sourcils et s'être difficilement contenu, il ne renonce pas pour autant, mais fait aussitôt une seconde tentative avec un air déterminé.
        
        Et la sonnette tinte une nouvelle fois...
        
        La porte s'est de nouveau ouverte sur le maître de maison, visiblement agacé. Son visage, empourpré du rouge d'une colère naissante, reflète à présent la mauvaise humeur. Sa voix se hausse même au diapason de l'exaspération ...
        
        - Que voulez-vous enfin monsieur ! ... Permettez-moi de vous faire remarquer que votre insistance s'avère des plus déplacées ! Allez-vous continuer encore longtemps cette plaisanterie de mauvais goût ?... fulmine-t-il, exaspéré, saisi d'un énervement manifestement incontrôlable.
       
        L'autre paraît littéralement secoué par la surprise...
        
        - Calmez-vous mon ami ! Je m'excuse encore une fois de devoir vous importunerde la sorte et je conçois parfaitement l'incongruité de ma visite à pareille heure. Mais j'ai cru faire plaisir à cette jeune personne qui errait sur la route en la ramenant chez elle. Avec ce fichu temps, je lui ai même prêté mon imperméable. Et voici le résultat !... argumente ce dernier en se passant une main agitée sur ses vêtements mouillés.
        
        - J'habite seul ici avec mon épouse... s'emporte maintenant le vieil homme sur un ton irrité et peu amène, assorti d'une agressivité à peine masquée... Vous n'allez quand même pas nous rejouer cette comédie à tour de rôle !
        
        - Que voulez-vous dire ?
        
        - Ne faites donc pas l'innocent ! Il y a plus d'un mois que cette mauvaise farce persiste ! ... Et à chaque fois qu'il pleut !... indique-t-il avec âcreté, la moue exaspérée, en tendant un doigt accusateur en direction de celui qu'il considère certainement comme un plaisantin de mauvais goût, flanqué d'un importun personnage.
        
        - Mais ... Je vous assure que je ne comprends pas !
        
        - Bon ... Je veux bien vous croire... admet enfin le vieillard d'une voix soudain déconfite, assortie d'un soupir d'énervement... Vous êtes peut-être sincère après tout. Mais rendez-vous compte ! Vous êtes la quatrième personne à nous réclamer soit un parapluie, soit un ciré, ou encore un imperméable prêtés à je ne sais quelle jeune personne censée habiter cette demeure !
 

          Devant l'air ahuri affiché par son interlocuteur de passage, le maître de maison paraît cette fois perplexe. Sa lèvre s'est gonflée en une moue d'ennui. Il semble tout à coup enclin à de meilleures intentions. Le ton employé s'est même subitement radouci ...
 
          - Bon... Entrez ... Nous serons mieux à l'intérieur ... Quel temps de chien ! Et cette maudite bourrasque ! Pardonnez mon emportement, mais nous sommes sur les nerfs. Si cette plaisanterie au demeurant stupide persiste, nous finirons par aller déposer une plainte au commissariat.
        
         - Je vous certifie pourtant avoir vu cette jeune personne s'introduire dans votre propriété et je puis vous assurer qu'elle n'en est pas ressortie. Je suis formel... insiste le visiteur.
        
         - Nous ne comprenons rien à cette comédie... confie à présent l'homme d'une voix crispée, visiblement au comble de la contrariété... Et je vous garantis que personne, à part vous, n'est entré ici ce soir.
        
        Ils sont à présent dans le couloir. Le visiteur a croisé le regard hostile de la femme qui, sans la moindre indiscrétion, a retourné un ½il désapprobateur envers son époux, lui signifiant certainement par là qu'il avait eu tort d'ouvrir leur demeure à cet étranger dont elle désapprouve visiblement la présence, la jugeant même manifestement désobligeante.
        
        - Permettez au moins que je me présente... suggère toutefois ce dernier, plutôt confus, en lui adressant un sourire contraint, conscient de jouer ici et involontairement le rôle de l'intrus, de l'indésirable... Je suis le professeur Joseph Winter. Je reviens d'un congrès qui s'est déroulé à Perpignan et ...
       
        - Le professeur Winter ! Le célèbre archéologue ! J'aurais dû vous reconnaître ! On parle si souvent de vous à la télévision et dans les journaux... s'enthousiasme subitement le mari d'une voix confuse, la mine soudain penaude... Vous êtes Britannique n'est-ce-pas ? Mais vous possédez une propriété près d'ici. A Montségur, si je ne m'abuse ?... et le vieil homme semble à présent ne plus vouloir tarir d'éloges sur son visiteur.
       
        - J'étais justement en route pour regagner mes pénates... précise ce dernier avec un sourire discret, à la fois soulagé et visiblement satisfait de la notoriété dont il semble jouir en ces lieux.
        
        - Excusez-nous professeur, mais depuis quelque temps, nous sommes devenus méfiants... s'empresse de bredouiller à son tour la femme, au terme d'un silence gêné... Pas plus tard que la semaine dernière, un jeune homme d'une vingtaine d'années peut-être, plutôt vulgaire d'ailleurs, nous a dérangés à peu près à la même heure pour nous conter à peu de chose près les mêmes faits, alors qu'il faisait également un temps épouvantable. Il prétendait lui aussi avoir raccompagné une jeune femme jusqu'à la grille du parc et lui avoir prêté son parapluie. Cette jeune personne l'aurait aussi prié d'attendre qu'elle revienne avec le sien pour lui restituer son bien.
       
        - C'est étrange ... vous me dites que les conditions climatiques étaient identiques à cette nuit... relève Winter, perplexe.
        
        - Je vous prépare une tasse de thé professeur. Cela aidera peut-être à vous faire oublier notre emportement... propose cette fois la femme, devenue soudainement prévenante, invitant même son visiteur à pénétrer dans la salle à manger avec un geste d'insistance.
       
        Winter consulte rapidement son bracelet-montre...
        
        - Vous êtes très aimable chère madame ?...  observe-t-il en esquissant un sourire d'amabilité, butant volontairement sur le patronyme.
        
        - Devaux ... Monsieur et madame Devaux... se hâte de préciser le mari.
        
        - Je vous remercie de votre obligeance madame Devaux, mais j'ai déjà perdu un temps précieux et vous m'en voyez sincèrement navré. Je ne puis m'attarder davantage ... Tant pis pour ma gabardine. Il faut croire que cette jeune personne qui vous joue cette farce collectionne, à votre insu, les vêtements et les accessoires de pluie... présume Winter avec un sourire contraint... N'excluons toutefois pas la possibilité d'une plaisanterie d'un goût dirons-nous ... douteux. Mais enfin ...
        
        Sans autre commentaire, il s'est déjà hâté vers la sortie, lorsqu'il jette un ½il oblique et distrait sur le bahut de la salle à manger ... Il n'a pu retenir un tressaillement, tandis que son regard s'attarde sur l'une des photos encadrées qui garnissent le buffet. Fronçant les sourcils dans un tic qui lui est familier, il a marqué un temps d'arrêt. Ses hôtes de circonstance, sans comprendre, ont à leur tout dirigé leurs regards dans la même direction, sans toutefois interpréter la réaction étrange du professeur.
        
        - La jeune fille, sur cette photo !... s'étonne ce dernier en se penchant sur le portrait.
        
        L'ombre d'une profonde tristesse est passée dans les yeux gris du vieil homme et son visage s'est subitement creusé.
        
        - C'est notre petite Sarah... murmure-t-il, en étouffant un soupir haché.
        
        - Elle nous a quittés il y aura bientôt trente ans ... Elle est décédée dans un accident de la circulation... complète la femme d'une voix rendue rauque par l'émotion, détournant presque aussitôt son regard... Elle venait d'avoir ses vingt ans. Elle repose dans le petit cimetière, près de notre maison.
        
        Cette fois, le professeur a haussé les sourcils ... Sans en demander l'autorisation, il s'est emparé du cadre renfermant la photographie qui représente une jeune fille au sourire moqueur et insouciant, assise en amazone sur une moto.
       
        - Ou votre fille a une s½ur jumelle, ou... extrapole-t-il en hésitant, détaillant les Devaux d'un ½il indiscret par-dessus ses binocles.
        
        Les intéressés ont échangé des regards interdits et Paul Devaux considère tout à coup Winter d'un air interloqué.
        
        - Nous n'avons eu que cette enfant... murmure-t-il, la lèvre inférieure légèrement tremblante en exhalant un nouveau soupir.
        
        - Que voulez-vous dire professeur ?... s'étonne à son tour l'épouse.
        
        Un embarras marqué s'est dessiné sur le visage de Winter qui examine à présent la photographie avec une attention soutenue.
       
        - Cela va certainement vous paraître absurde, mais la personne qui se trouvait   tout à l'heure dans ma voiture ressemble à s'y méprendre à votre fille... finit-il par avouer avec une moue de tergiversation.
        
        La femme a pâli. Son époux a sursauté. Ils échangent maintenant tous deux des regards effarés.
        
        - C'est impossible... objecte ce dernier d'une voix étranglée... Vous avez... tente-t-il d'ajouter sans pouvoir terminer sa phrase, ses yeux gris semblant implorer une explication.
        
        Le désarroi s'est manifestement emparé du couple, visiblement paralysé par l'émotion. Le coup a été rude et difficilement encaissable, accentuant l'embarras du professeur. Celui-ci se trouve à présent dans la plus totale expectative, regrettant amèrement d'avoir ainsi jeté le trouble dans la demeure pour avoir remué involontairement des souvenirs depuis longtemps enfouis et par trop pénibles à évoquer.
        
        - J'avoue toutefois qu'avec l'obscurité... argumente-t-il alors gauchement avec une maladresse quasi étudiée, conscient de cette équivoque et tentant à présent de se reprendre avec un frisson de regret dans la voix... Et puis, il est vrai que cette jeune personne est restée de marbre durant le trajet. Nous n'avons échangé que quelques brèves banalités ... Après tout, j'ai très bien pu me tromper ... Et si vous me dites qu'elle était votre unique enfant ... Pardonnez mon erreur... finit-il par bredouiller, plutôt contrarié de s'être fourré dans une situation aussi délicate. Puis, après un ultime instant d'hésitation... Il est temps que je reprenne la route... argumente-t-il en toussotant... Fort heureusement, il ne me reste qu'une douzaine de kilomètres d'ici Montségur. Ravi d'avoir fait votre connaissance... ajoute-t-il en esquissant un sourire gêné, saluant ses hôtes occasionnels d'une main tendue, masquant maladroitement sa déconvenue. Puis, sans plus se faire prier, il s'est dirigé vers la sortie, suivi du couple qui semble à présent agir à la façon de deux automates, absent et le regard lointain, vide de toute expression.
        
        Trempé de la tête aux pieds, le professeur Winter a repris place au volant de sa Jaguar. La mine dubitative, son regard erre d'abord au hasard, épiant les alentours de la propriété. Puis, il détaille les environs avec une attention soutenue, guettant l'hypothétique apparition de la mystérieuse et audacieuse jeune fille. Mais l'endroit reste désert.
        
        Plus qu'à son tour partie prenante pour les intrigues et dévoré par une curiosité quasi pathologique, une étrange intuition vient de lui traverser l'esprit ...
        
        Les époux Devaux lui ont bien précisé que leur fille était enterrée dans le petit cimetière contigu à leur habitation ! Celui-ci doit donc se trouver dans le voisinage.
        
        Il se gratte pensivement la nuque, la mine réfléchie, étouffant trois ou quatre bâillements. Puis, avec des gestes lents trahissant sa perplexité, il a allumé sa courte pipe et contemple durant un instant les volutes de fumée bleue qui s'étirent paresseusement vers le plafonnier, en tapotant machinalement le cuir de son volant. Notre homme est visiblement intrigué, hésitant encore sur la décision à prendre, mais qui maintenant s'impose malgré l'heure avancée ... Dehors, la pluie a cessé de tomber ... Après une dernière hésitation et bien qu'il ne soit pas loin de vingt trois heures, son sens inné de la curiosité finit par prendre le dessus. Aussi se décide-t-il brusquement à en avoir le c½ur net. Après avoir emprunté une lampe électrique dans le vide-poches, il abandonne une nouvelle fois son véhicule pour longer les murs du parc des Devaux.
        
        Il n'a parcouru qu'une cinquantaine de mètres, qu'il est déjà rendu devant l'entrée du cimetière. Les grilles sont ouvertes, mais les lieux ne sont pas éclairés. La nuit est noire, épaisse et inquiétante, aussi se glisse-t-il comme une ombre dans l'allée menant aux tombes.
        
        La silhouette sombre des arbres et la brise un peu forte qui agite les branches qui bruissent dans les ténèbres créent une atmosphère angoissante. On ne perçoit plus que le léger bruit de son pas qui crisse sur le gravier. C'est le c½ur battant la chamade, qu'il est arrivé en vue des premiers tombeaux.
        
        Les pinceaux de sa lampe fouillent fébrilement l'obscurité. Impressionné par le silence et la solitude qui règnent dans l'endroit, il inspecte minutieusement chaque sépulture, à la recherche de celle portant le nom de Sarah Devaux ... Mais il vient de tressaillir à l'approche d'un tombeau ... Il en reste même figé de saisissement ... Une boule d'angoisse lui bloque la gorge ... Ce n'est pas le patronyme gravé sur la pierre qui en est responsable. C'est le vêtement de pluie qu'il vient de reconnaître pour être le sien et qui recouvre le caveau sur lequel il lit avec stupéfaction ... « Ici repose Sarah Devaux. »
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#Posté le lundi 24 janvier 2011 12:34

Modifié le jeudi 15 décembre 2011 14:09

Le Parapluie (SF - Stephan LEWIS)

Le Parapluie (SF - Stephan LEWIS)
 Le PARAPLUIE 
 
Stephan LEWIS
 
         
         Printemps 1968 ... mardi
        
        
         Joseph Winter, jeune étudiant britannique en archéologie âgé de 24 ans, décide ce jour de profiter de cette belle fin d'après-midi afin de réviser ses cours dans les jardins de Buckingham, à Londres.
         
        
         Notre futur archéologue, assis sur un banc, est penché sur ses notes, lorsqu'une toute jeune fille vient s'asseoir à ses côtés.
 
         La conversation se noue aussitôt autour de quelques sujets futiles.
         
       
         Au terme d'une petite heure, la jeune fille invite son interlocuteur à une petite fête donnée dans l'appartement de famille en l'honneur de son anniversaire, le jeudi à venir. Puis, elle l'abandonne à ses notes.
         
       
        Au jour et à l'heure dite et en dépit d'une pluie battante rendant les rues quasi désertes, le jeune Winter, muni d'un parapluie à manche de nacre gravé de ses initiales, se rend à l'adresse indiquée chez la jeune personne en question. Elle l'attend en compagnie d'une vingtaine d'autres invités au troisième étage de l'immeuble.
         
       
        La soirée se déroule au sein d'une douce atmosphère, agrémentée par une musique d'ambiance propice à la détente et à l'amusement. Winter noue à présent une longue conversation avec la jeune fille qui dit s'appeler Laëtitia Renault. Cette dernière lui présente un jeune ecclésiastique de ses amis passionné d'archéologie.
         
       
         Vers 22 heures, le jeune Anglais salue ses hôtes après avoir remercié la jeune fille, se promettant mutuellement de se revoir.
         
       
         Winter est à présent dans la rue, ressassant avec plaisir les quelques heures passées en compagnie de sa nouvelle amie, lorsqu'il ressent tout à coup le désir de fumer. Notre jeune étudiant bourre soigneusement son brûle-gueule, l'esprit ailleurs, certainement vaquant là où il était quelques minutes auparavant, lorsqu'il s'aperçoit avoir oublié son parapluie dans l'appartement. Plus satisfait que contrarié à l'idée de revoir celle à laquelle s'accrochent  à présent ses pensées, il fait aussitôt demi-tour pour emprunter une nouvelle fois l'escalier et sonne à la porte d'entrée ...
         
       
         Curieusement, aucun écho de la petite fête ne lui parvient, et personne n'ouvre la porte malgré son insistance, alors qu'il ne s'est écoulé que quelques minutes depuis son départ.
        
        
         C'est le concierge qui, alerté par son acharnement, met fin à son obstination.
        
        
         - Laëtitia Renault ! Connais pas ! Voilà plus de vingt ans que cet appartement est inoccupé... lui confie ce dernier en se grattant machinalement le cuir chevelu.
         
       
         A présent, plus Winter tente de s'expliquer, plus l'affaire devient confuse.  Elle se termine même au poste de police du quartier en présence d'un certain Olways, propriétaire de l'appartement en question.  Le récit du jeune Winter pris pour un cambrioleur étonne tout le monde... En effet, l'appartement avait bien été occupé par Laëtitia Renault et sa famille, mais il s'avère que cette jeune personne était décédée depuis une vingtaine d'années.
         
       
         Suite à l'acharnement du jeune homme, on se décide finalement à ouvrir les portes de l'appartement ... Il est alors plus de minuit...
       
        
         Surprise ... !
       
        
         Plus aucune trace du mobilier entrevu quelques heures auparavant par Winter. Le parquet est couvert de poussière et les lieux semblent abandonnés depuis des siècles. A son grand étonnement, l'étudiant remarque une photographie demeurée sur  un cache-radiateur ... Il y reconnaît aussitôt le jeune ecclésiastique avec lequel il avait pris tant de plaisir à discuter lors de cette soirée peu ordinaire.
         
       
         Le propriétaire a remarqué son air interloqué.
       
        
         - Cet homme .... Cet abbé !... murmure Winter... Nous avons discuté toute la soirée !
        
        
         - Cela m'étonnerait beaucoup que vous ayez parlé avec lui ce soir... sourit Olways... Il s'agit de mon grand oncle mort en Afrique où il était missionnaire.
       
        
          - C'est impossible... balbutie Winter... Il y a à peine 3 heures, nous étions là, près de la cheminée à discuter !
  
        Comme pour asseoir sa conviction, il s'est approché du tablier de marbre de la vieille cheminée ... Son regard s'est posé sur le porte-parapluies à l'intérieur duquel, couvert de poussière, se trouve un parapluie dont la crosse nacrée est gravée de deux initiales : J.W.

     Retrouvez toutes les Histoires  Fantastiques de Stephan LEWIS sur le lien :

    http://stephanlewis.kazeo.com/?page=rubrique&idr=0&pa=1 
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#Posté le dimanche 16 janvier 2011 14:06

Modifié le jeudi 15 décembre 2011 14:11

Le Manoir de la Terreur (SF - Stephan LEWIS)

Le Manoir de la Terreur (SF - Stephan LEWIS)
 
Le Manoir de la Terreur  
 
Stephan LEWIS
  
  
Vendredi 16 mai ... 16 h 27 ...
         
       Le visage creusé, assombri d'un voile de fatigue, Sylvia  est sortie précipitamment de l'agence immobilière de La Rochelle au sein de laquelle elle assume les fonctions de négociatrice principale. Il s'agit de faire vite pour répondre au coup de téléphone qu'elle vient de recevoir. Un client, qui n'a pas décliné son identité, désire visiter le manoir de Cornelius. Une occasion inespérée, qui n'est certainement pas prête de se représenter !
       
        Contrairement aux derniers jours, la journée avait pourtant été calme, sans le moindre rendez-vous, la clientèle s'étant faite plutôt discrète. Sylvia s'était même assoupie sur son bureau, rêvant déjà aux mille et une choses qu'elle se préparait à faire durant le week-end, avant d'être rendue à la réalité par la sonnerie intempestive du téléphone qui l'avait brusquement sortie de cette somnolence passagère.

         
        Jamais elle n'aurait pu imaginer qu'un éventuel acquéreur puisse s'intéresser à cette bâtisse bizarre, vieillotte et biscornue, campée dans un parc au gazon pelé, enclavée dans un paysage de friches industrielles. Lorsque le responsable de l'agence l'avait chargée de prendre en main la vente de cette gentilhommière construite dans la seconde moitié du XIX° sur les fondations d'une ancienne abbaye bénédictine d'un pittoresque effrayant, elle avait accueilli la nouvelle avec une grimace de dépit.

         
        Le bâtiment est en effet plutôt " mal en point ", semblant même à l'abandon ... Son solage de vieilles pierres s'effrite. Ses murs lézardés sont rongés par une mousse roussâtre, donnant l'impression de résister péniblement aux grands vents d'hiver et aux pluies rageuses. Quant au châssis de ses fenêtres aux vitres poussiéreuses derrière lesquelles on croirait voir passer d'inquiétantes silhouettes, il aurait besoin d'un sérieux rafraîchissement ... Cet immeuble de style victorien est le reflet archétype de la maison hantée, qui inspire tant les auteurs de romans d'épouvante et les scénaristes du même crû. Alors, vous comprendrez que dans ces conditions, il semble difficile d'imaginer qu'un acheteur potentiel puisse s'intéresser à ce repère froid, sordide et effrayant !

        
        Son dernier propriétaire, un étrange personnage du nom de Cornelius, jouissait d'une sinistre réputation. Victime d'une crise cardiaque quelques mois auparavant, il avait définitivement quitté les lieux pour cracher son âme au diable. Il y avait vécu en solitaire, comme un ermite, toute sa vie durant, à l'écart de tout voisinage. L'inquiétante et fantastique demeure aux intrigues ténébreuses n'avait, disait-on, jamais reçu de visiteur. D'ailleurs, la frayeur qu'inspirait le manoir à toute la population était telle, que pas un seul habitant ne s'y était encore risqué. Ils se signaient le front en passant devant ou l'évitaient.

         
        Il est d'ailleurs à noter une certaine réserve de leur part ... Certains d'entre eux ne sont pas sans évoquer les maléfiques activités et l'obscure personnalité de l'ancien propriétaire des lieux.  Ils vont même jusqu'à colporter le bruit selon lequel le décès de l'étrange bonhomme masquerait une vérité atroce assortie d'un terrible secret, cachant d'obscurs forfaits. Si l'on se fie aux rumeurs, les nuits de pleine lune des cris et des bruits étranges s'élèveraient de l'antique demeure. Entre ces murs se seraient déroulés des faits anormaux et inexplicables. Des incidents bizarres, associés à des phénomènes déconcertants, auraient même défrayé la chronique quelques jours avant sa mort ... Du reste, des plaintes concernant des événements insolites auraient été enregistrées ... Et Cornelius aurait emporté dans la tombe d'inavouables secrets.

         
        En dépit d'un testament stipulant que la maison devait rester dans le grison familial, son seul héritier bénéficiaire, un petit-neveu par alliance désigné comme légataire universel, avait malgré tout et aussitôt manifesté hâtivement son désir de se séparer de l'immeuble et de la totalité du mobilier concerné, bien qu'il ne soit nullement dans le besoin. Il en avait confié la vente à l'agence.

         
        Le rendez-vous avec cet hypothétique acquéreur ayant été fixé au lendemain dans la matinée, Sylvia n'a donc que peu de temps pour s'assurer que tout est en ordre à l'intérieur de cette singulière demeure. Elle ne s'y était pas encore aventurée, ayant estimé, de toute évidence, qu'elle n'était pas à la veille d'en obtenir un compromis de vente.

        
        Contre toute attente, la voici néanmoins rendue devant cette imposante et glaciale habitation aux intrigues ténébreuses, qu'elle détaille d'un regard méfiant à travers les glaces de sa Laguna. Elle n'est pas sans évoquer l'hitchcockienne résidence de Rebecca. Isolée dans un grand parc tapissé de buissons et de ronces, planté à l'écart de toute vie civilisée, sa masse sombre et farouche ressemble à s'y méprendre à un monstre aux aguets. Le décor semble avoir été étudié aux fins de privilégier le fantastique et l'imaginaire, avec l'intention quasi évidente d'exposer les lieux aux agressions surnaturelles. Pas étonnant que l'endroit jouisse d'une si mauvaise réputation ! Une pesanteur, une angoisse indescriptible même, semblent suinter des murs de cette abominable bâtisse au demeurant hostile, de laquelle paraît sourdre une menace latente.

       
        Avec un soupir de résignation, Sylvia est descendue de sa voiture. D'une main hésitante, elle pousse la grille de fer forgé défendant l'accès au domaine, dont la façade de lierre pendu aux crevasses de ses murailles reflète l'abandon et la tristesse.

        
        C'est à présent avec appréhension qu'elle traverse le parc en visiteuse téméraire et imprudente. Avec une moue angoissée, elle a gravi les quelques marches du perron conduisant au portail surmonté d'un marteau sculpté. Après avoir attendu impatiemment que son angoisse se dissipe, elle introduit la clé dans la serrure de la porte d'entrée. Elle l'entre-bâille craintivement en esquissant une grimace de contrariété avant d'en franchir le seuil, s'efforçant à présent de penser au plaisir de se faire peur, bien qu'elle ne soit pas spécialement friande de sensations fortes, mais faisant plutôt contre mauvaise fortune bon c½ur. Une terrible appréhension s'est emparée de tout son être. Elle a subitement la désagréable sensation que la porte s'est refermée d'elle-même.

        
        Le c½ur battant à un rythme endiablé, elle a inconsciemment retenu son souffle avant de se glisser timidement et comme une ombre à l'intérieur de l'étrange demeure lourde et silencieuse.

       
        Elle se risque à présent dans le grand couloir. La statue grotesque et inquiétante du démon Asmodée, le diable boiteux à l'aspect démoniaque et au regard hypnotique, postée en sentinelle, accueille les visiteurs éventuels. Son aspect terrifiant les met d'office dans l'ambiance, avec le désir évident de les placer en situation de complète insécurité. Tout ici respire la moisissure et il y flotte comme une odeur de souffre. D'autres remugles aux origines peu avouables se mêlent à ces relents peu engageants.

       
        Les portraits des habitants successifs du manoir qui recouvrent les murs semblent se déformer à son passage, ce qui n'est pas pour la rassurer dans cette obscurité qui la pénalise. Etant donné l'urgence de la situation, l'agence n'a pas eu le temps de faire remettre l'installation électrique en service. Heureusement, Sylvia s'est munie d'une torche pour parer à cet inconvénient. La bâtisse se révèle opaque dans ses moindres recoins, malgré les craintifs rayons de soleil qui s'infiltrent timidement au travers des persiennes ajourées, donnant l'impression que les objets sont éclairés par une lumière sépulcrale.

       
        Elle a franchi les derniers mètres la séparant du grand salon. Il y règne un froid singulier. Des chuchotements et des plaintes semblent chuinter de ses murs recouverts de boiseries. Le portrait suspendu au-dessus de la monumentale cheminée en pierre représentant un homme âgé au visage parcheminé, ridé et desséché, pareil à un démon vomi par l'enfer, a immédiatement attiré son attention. Ce ne peut être que celui de Cornelius. Ses yeux au regard froid et agressif semblent suivre ses moindres mouvements et condamner son intrusion. L'½il terrible, glacial et accusateur qu'il paraît porter sur cette importune visiteuse est sans équivoque, semblant lui reprocher la profanation de ces lieux au demeurant interdits, ce qui la fait frissonner. Durant quelques secondes, Sylvia a même eu la désagréable sensation que l'horrible portrait la menaçait de son doigt. Son imagination fertile lui jouerait-elle des tours ? La névrose que représente cette maison nimbée de surnaturel persiste en elle comme une menace incohérente et terrifiante. Elle s'entête à s'exercer comme l'irruption sournoise de l'irrationnel dans la grisaille du quotidien. Visiblement mal à l'aise, Sylvia ne sait subitement plus que faire, afin de conjurer cette obsession. Elle sent à ses côtés une présence d'outre-tombe tapie dans l'ombre. Elle a vivement détourné son regard de cette photographie au teint cadavérique, de cette caricature humaine de l'ancien maître des lieux, qu'elle rend manifestement responsable de cette situation.

         
        La pièce est encore remplie d'objets aussi mystérieux que poussiéreux et la plupart du mobilier est recouvert d'un drap blanc. Cette atmosphère fantomatique où semble régner une ambiance hostile ne fait que renforcer cet effet de terreur superstitieuse. Ne va-t-elle pas s'imaginer à présent que, les nuits d'orage, cette fantastique demeure doit irradier de mille lueurs suspectes sous les éclairs ! Des ingrédients qui contribuent à accentuer encore et encore ce stress insupportable qui s'est emparé de sa personne depuis qu'elle est entrée. Prise dans l'univers restreint de cette étrange bâtisse, ce sentiment d'oppression ne fait que s'amplifier.

         
        Mais le temps presse. Elle se doit de satisfaire son client. Elle réalise brusquement que son imagination est en train de la plonger dans un cauchemar intolérable ! Cette anxiété qui la torture n'est de toute évidence qu'anodine, totalement dénuée de sens. Elle a tout à coup conscience qu'elle alimente inutilement et déraisonnablement son imaginaire. Cette impression de retrouver son âme d'enfant et de faire resurgir quelques fantasmes enfouis au plus profond de son subconscient lui fait même hausser les épaules. Qu'aurait-elle à redouter de ces vieilles pierres à l'esthétique repoussante, mis à part le fait d'en faire échouer la vente ? Exerceraient-elles sur sa personne un effet subjectif ? Et puis ... Elle n'est pas craintive de nature. Et tout le monde sait que les fantômes, ça n'existe pas ! ... Alors .. Que diable ! Bien que le mot soit mal choisi ... Il lui faut se reprendre ! Il y a des choses qu'il faut accepter sans se poser de questions. Elle se doit d'exorciser ses peurs et ses phobies afin de commencer son inspection sans plus tarder et s'assurer que tout est en ordre. Elle n'a pas le choix. La bâtisse ne compte pas moins d'une quarantaine de pièces qui s'étendent sur trois niveaux.

         
        Elle a ravalé nerveusement sa salive à plusieurs reprises, avant de se risquer à poser le pied sur la première marche du grand escalier en spirale qui mène aux étages. Les boiseries anciennes craquent bruyamment sous ses pas hésitants, ce qui contribue à accentuer encore cette atmosphère de cauchemar. Elle a recommencé à frissonner, sentant au fond d'elle-même sourdre de nouveau une folle angoisse. Sur le qui-vive, la voilà qui se prend tout à coup à décortiquer le moindre bruit suspect.

         
        Elle vient d'emprunter le grand couloir tortueux, sombre et sinueux du premier étage, avec l'étrange sensation qu'il ne la mènera nulle part. Le parquet qui grince sous ses pas renforce encore ce sentiment d'insécurité. Mais elle a  tressailli ! Retenant son souffle, elle a tendu l'oreille ... Oui, elle en est pratiquement certaine ... Un bruit émane du rez-de-chaussée ! ... Ses pulsations se sont subitement accélérées ... C'est une porte qui vient de s'ouvrir dans le grand salon qu'elle a traversé quelques minutes auparavant. C'est à présent parfaitement audible, et même de plus en plus accentué ... Quelqu'un est en train de gravir l'escalier et elle perçoit un bruit métallique, ressemblant singulièrement à un cliquetis de chaînes ! Plus de doute ... Elle a cette fois la sensation d'être la victime choisie, attirée vers le lieu où le monstre l'attend, comme l'araignée guettant la mouche ...

         
        Sans même réfléchir, elle s'est jetée sur la  porte de la première chambre qu'elle referme précipitamment derrière elle. Après un coup d'½il circonspect, elle s'est tapie derrière l'armoire qui meuble les lieux. C'est un sentiment de panique qui est cette fois en train de la submerger. Elle en retient même sa respiration. On se déplace dans le couloir ... Le pas qui résonne comme une menace latente à la manière d'un écho maléfique durant une poignée de secondes, s'atténue toutefois peu à peu, semblant se perdre dans le néant.

         
        Avec mille précautions, elle se prépare à quitter la pièce. La main sur le bec-de-cane, elle prête l'oreille avant d'entrebâiller la porte pour risquer un ½il dans le couloir. Le passage est désert. C'est sur la pointe des pieds qu'elle s'empresse de rebrousser chemin et descend précipitamment les marches du grand escalier. Elle a rejoint le grand salon sans même s'être retournée et s'est déjà pressée vers la sortie, lorsqu'à l'instant où elle passe une nouvelle fois devant le portrait de Cornelius dont le visage aux traits ahurissants et à l'aspect diabolique paraît la défier de son regard de braise, celui-ci chute lourdement sur le sol.

         
        Une main sur la poitrine, elle s'est retournée, guettant le démon qui habite sans nul doute ces lieux ensorcelés et qui doit s'être lancé à sa poursuite ... Il ne va plus tarder à se manifester et elle s'est mise à trembler de tous ses membres. Mais seul un silence sépulcral et inquiétant répond à son tourment. La caricature de l'étrange bonhomme qui gît à ses pieds semble rire de son désarroi et c'est un coup de talon rageur qui vient de mettre un terme à cette horrible défiance.

         
        La gorge nouée par l'angoisse, elle reprend peu à peu confiance et réalise bientôt la stupidité de son geste d'humeur. Mais son c½ur a cette fois fait un bond dans sa poitrine et une lueur d'effroi s'est allumée dans ses prunelles, tandis que les traits de son visage reflètent l'épouvante ... Elle sent un souffle chaud et haletant sur sa nuque et des mains froides et visqueuses se sont posées sur ses épaules ...

        
        - Sylvia ! Hé Sylvia ! Ce n'est pas le moment de piquer un roupillon !           

        
        Penché sur elle et la secouant énergiquement, c'est le visage amusé de son amie et collègue de bureau Laëtitia, qu'elle distingue en entrouvrant timidement une paupière.

        
        Affalée sur son bureau, Sylvia met quelques secondes avant de reprendre totalement contact avec la réalité ...

        
        - Me suis assoupie... lâche-t-elle du bout des lèvres, les yeux hagards et l'air penaud, tout en étouffant un bâillement et en se redressant sur un coude, le cerveau encore embrumé.

        
        - Je vois ça... constate Laëtitia avec un sourire pincé... C'est vrai que cette semaine a été des plus éprouvantes et ...

        
        Mais elle a aussitôt interrompu sa remarque, le timbre d'appel du téléphone venant de résonner.

        
        Après s'être saisie du combiné, elle échange quelques paroles avec la personne se trouvant à l'autre bout du fil avant de se tourner vers sa collègue, tout en replaçant l'appareil sur son support.

        
        - Tu vas pouvoir te dégourdir les jambes !... lui lance-t-elle avec un gloussement amusé... C'était le patron. Tu ne devineras jamais !

        
        - Deviner quoi ? Je t'en prie. Suis pas trop dans mon assiette aujourd'hui.

        
        - Tu te souviens ... Cette vieille bicoque ? Le manoir de Cornelius ? Hé bien ... T'as plus une seconde à perdre. Le patron désire que tu fonces là-bas voir si tout est en ordre. Un client souhaite la visiter demain dans la matinée.

 
!  !  ! 

           Retrouvez toutes les histoires fantastiques de Stephan LEWIS sur :

          http://stephanlewis.kazeo.com/?page=rubrique&idr=0&pa=1
 
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#Posté le vendredi 21 janvier 2011 07:10

Modifié le jeudi 15 décembre 2011 14:11

Le Téléphone - (Stephan LEWIS)

Le Téléphone - (Stephan LEWIS)  
Le Téléphone                                                                                   

- Stephan LEWIS -
     
 
       Catherine et Julie, deux amies âgées de 14 ans, ont obtenu la permission parentale de partager la soirée et la nuit de vendredi à samedi.
      
      La première a donc invité la seconde, fière de lui faire découvrir son univers. La maison est très spacieuse. Elles ont passé la fin de la journée au sous-sol où se trouve la salle de jeux.
      
      Vers 20h30, les parents de Catherine, conviés à une soirée, ont fait leurs recommandations aux jeunes filles, afin que tout se déroule sans incident durant leur courte absence. Il a été convenu qu'elles regarderaient le film comique joué à la télévision avant de se mettre au lit.
     
        22 h 40 ...
 
        - Il est déjà l'heure d'aller se coucher ... soupire Catherine, négligemment allongée sur le canapé, se lissant ses longs cheveux blonds d'une main distraite.
       
        - Tu as sommeil ?... s'enquiert Julie, installée confortablement au creux d'un fauteuil et manifestement peu encline à se mettre au lit.
        
        - Non pas trop. Et toi ?         
       
        - Moi non plus. 
       
        - J'ai une idée... se réjouit déjà Catherine, l'air amusé, en éteignant le récepteur... Si on faisait une farce à quelqu'un avec le téléphone ?... suggère-t-elle à brûle-pourpoint, le visage éclairé d'un sourire espiègle.    
       
        - Une farce ?... s'étonne Julie, en affichant une mimique de surprise.
       
        - Oui, une blague quoi. Je me suis déjà prêtée à ce petit jeu. Tu verras, c'est marrant. Tu appelles une personne au hasard et tu lui poses une question débile. Elle ne tarde pas à se mettre en colère. Et hop, tu lui raccroches au nez !
       
        - Super ! Allez on le fait... s'enthousiasme déjà Julie en étouffant un bâillement, mais apparemment emballée par l'idée saugrenue de son amie. 
      
        C'est donc sans attendre, que Catherine s'est emparée d'un combiné, sur le clavier duquel elle s'est mise à pianoter fortuitement un numéro.
      
        Une voix d'homme, à l'intonation peu amène, ne tarde pas à se manifester à l'autre bout du fil.
      
        - Allô ! Qui est à l'appareil ?... se presse-t-il de demander.
      
        - Bonsoir monsieur. C'est pour une enquête... feint Catherine, tandis que son amie se retient de pouffer de rire.
       
        - Une enquête !... s'étonne l'autre... Et à cette heure ?  C'est une plaisanterie !... suspecte-t-il encore.
       
        - Non, non monsieur. On voulait simplement savoir ... si votre grand-mère faisait du vélo ?... raille-t-elle effrontément en éclatant d'un rire moqueur, avant de replacer précipitamment le combiné sur son support, écourtant prématurément ce bref babillage.
     
        Subitement sujettes à un fou rire incontrôlable, les deux adolescentes mettent plusieurs minutes à récupérer, avant de pouvoir échanger leurs impressions sur la farce qui vient d'être jouée et qu'elles savourent sans aucune retenue.
     
        - C'est curieux... glousse Catherine, la remarque involontairement entrecoupée de rires spasmodiques et étouffés ... mais il me semble connaître la voix de ce type !... confie-t-elle, perplexe.
      
        - Ce serait vraiment une coïncidence, étant donné que tu as composé un numéro au hasard... s'étonne Julie, les yeux larmoyants, maîtrisant avec peine cette hilarité   ommunicative.
      
        La sonnerie du téléphone qui a retenti, a mis un terme à cette jubilation exubérante, qui s'est éteinte dans une sorte de hoquet
      
        - Tu .. tu crois que c'est « lui » qui rappelle ?... appréhende subitement Julie, dont la liesse d'un instant a fait place à l'inquiétude.
      
        - On répond ?... hésite Catherine, prise du même doute.
     
        - C'est peut-être quelqu'un d'autre...  escompte Julie, sans grande conviction.
      
        - A cette heure !... souligne Catherine, la moue dubitative.
     
        Plongées dans la même incertitude angoissante, les deux adolescentes subissent à présent les assauts incessants du timbre téléphonique, qui leur vrille les tympans avec acharnement.
    
        - Et si c'étaient tes parents désireux de s'assurer que tout va bien !... rappelle Julie.
    
        - Tu as raison. Et de toute manière, si c'est ce type, on s'excusera. C'était pas bien méchant après tout... minimise Catherine, banalisant la plaisanterie d'un geste d'indifférence.
    
        Ce disant, elle se décide à décrocher ...
     
        Mais à l'autre bout du fil, c'est un silence de mort tendu et inquiétant qui répond à leur attente ...Plusieurs secondes s'écoulent, sans que leur mystérieux correspondant daigne se manifester. 
     
        Les deux intéressées ont échangé des regards étonnés. Et c'est avec un haussement d'épaules, que Catherine a replacé l'appareil sur son support.
    
        - Certainement une erreur de numéro... soupire-t-elle.
    
        Mais elles ont aussitôt sursauté, la sonnerie du téléphone retentissant de nouveau.
    
        D'un geste hésitant, Catherine a libéré le combiné de son support.
    
        - Allô !... J'écoute !... risque-t-elle timidement, avec un tremblement d'inquiétude dans la voix.
     
        - On ne se moque pas impunément du monde comme vous le faites mesdemoiselles... lui rétorque la voix déjà entendue ultérieurement.
    
        - C'est lui !... chuchote Catherine, subitement mal à l'aise.
    
        - Votre raillerie ne m'a pas amusé... poursuit l'autre d'une voix sèche reflétant son mécontentement d'avoir été la victime de ce quolibet à pareille heure.
     
        - Je m'excuse de vous avoir importuné monsieur. J'espère que vous n'êtes pas fâché ?... se confond Catherine d'une voix déconfite et modulée, adoptant un ton volontairement innocent, voire contrit.
     
        - Vous allez pouvoir le constater par vous-mêmes. Car vous êtes deux, si je ne me trompe ?
     
        Les intéressées ont échangé des regards déroutés.
     
        - Comment ça le ... constater... a pâli Catherine en déglutissant nerveusement à plusieurs reprises, au risque de s'étrangler..
     
        - J'ai votre numéro. Je peux savoir où vous êtes. Je vais me rendre à votre domicile. J'ai une sainte horreur des farces imbéciles. Je vais vous découper en petits morceaux. .. menace-t-il avec une ironie glacée dans le son de sa voix. 
     
        Et l'inquiétant personnage a aussitôt raccroché, laissant les deux adolescentes dans l'expectative.
    
        - Tu crois qu'il était sérieux... frissonne Julie, perplexe.
    
        - Il a certainement voulu nous faire peur pour nous punir de l'avoir éconduit de la sorte... tente de dédramatiser son amie, le visage blême, désireuse de s'en persuader elle-même. 
    
        Mais elles ont de nouveau tressailli, le timbre du téléphone résonnant une nouvelle fois.
     
        La main tremblante, Catherine a hésité durant une poignée de secondes avant de se décider à se saisir du combiné et a conjointement connecté le haut parleur.
    
        - C'est encore ce cinglé ... pressent Julie d'une voix angoissée ...
    
        Catherine n'a pas eu le temps d'apporter de réponse, qu'une voix se manifeste à l'autre bout du fil ...
    
        - Encore envie de fanfaronner, jeunes filles ?... ricane-t-elle.
    
        - C'est lui !... a frémi Catherine, croisant le regard désemparé de son amie, dont la blancheur du visage s'est intensifiée.
     
        D'un geste à la fois nerveux et paniqué, elle s'est pressée de raccrocher à son tour. 
     
        Sans échanger le moindre mot, les deux adolescentes, déconcertées et éperdues, gardent le regard rivé sur le téléphone. Immobiles et semblables à des statues de marbre, plongées dans une hypnose démentielle, elles ont tressauté à sa sonnerie intempestive qui troue à nouveau le silence. Elle résonne sans répit encore et encore dans leur corps, dans leur tête, telle une menace grandissante à travers la nuit. Les nerfs à vif, manifestement résignées à subir l'impensable, elles se sentent, l'une comme l'autre, incapables de continuer à faire face à cette situation devenue insupportable et qui menace de leur faire perdre la raison.
     
        Et c'est bientôt le répondeur qui assure la relève. 
     
        - Je suis devant votre porte. Je vais entrer régler mes comptes ... menace cette fois la même voix, les ramenant à la réalité.
     
        Un cri d'effroi s'est échappé des lèvres des deux amies en plein désarroi, qui ont échangé des regards affolés.
    
        - La lumière !... Eteins la lumière !... s'est écriée Julie d'une voix blanche, complètement paniquée.
    
        La pièce est rapidement plongée dans le noir et les verrous tirés précipitamment ; tandis que des coups secs et violents sont à présent assénés contre la porte d'entrée.
    
        Au bord des larmes et le c½ur battant à un rythme endiablé, les deux infortunées, les traits crispés, s'imaginent leur dernière heure arrivée.
    
        Puis, subitement, plus rien ... silence total ...leur calvaire semble avoir pris fin. Seul, un chien hurle dans la pénombre de la rue déserte.
    
        - Que fait-on ? Il va revenir !... balbutie Julie, le visage blême, agité d'un tremblement nerveux.
    
        - Je ne sais pas. J'ai peur... sanglote Catherine.
    
        Plusieurs minutes se sont à présent écoulées, sans que la menace ne se soit de nouveau manifestée.
    
        - Son numéro est encore sur l'écran du téléphone... mentionne Catherine avec des fragments de sanglots dans la voix... Je vais le rappeler pour le prier de cesser ses absurdités. Faute de quoi je l'avertis que je préviens la gendarmerie.
     
        - Espérons que ce cinglé nous laissera tranquilles... hoquette Julie, en essuyant une larme d'un revers de main, tandis que son visage tendre et juvénile aux taches de rousseur, continue de refléter la plus extrême frayeur.
     
        D'une main tremblante, Catherine s'affaire aussitôt à rappeler l'inconnu, d'après ses coordonnées demeurées en mémoire.
     
        - « Le numéro que vous avez composé n'est pas attribué ou n'est plus en service. Nous regrettons de ne pouvoir donner suite à votre appel » indique une bande passante.
    
        Les deux jeunes filles ont échangé des regards interdits.
    
        - Tu t'es trompée ... présume  tout naturellement Julie.
    
        - J'ai utilisé la touche « bis » !... se justifie Catherine en faisant une nouvelle tentative.
    
        Mais c'est le même message d'erreur qui se fait de nouveau entendre.
     
        - J'y pense... se ravise Julie, la mine réfléchie... Sur ton ordinateur, tu peux chercher le nom de cette personne à l'aide du numéro inversé. Nous saurons immédiatement où elle habite !  
    
        -  Bonne idée... acquiesce Catherine en s'exécutant promptement.
    
        .......... Surprise ... ! ! ! !
    
        - C'est ... c'est le numéro de ... de mon voisin d'à côté ... murmure cette dernière du bout des lèvres.
    
        -  Cela explique tout ! Tu vois bien que c'était une plaisanterie... anticipe Julie...Il a reconnu ton numéro et a voulu te faire une farce à son tour. Ce qui est tout de même étrange, c'est la teneur de ce message indiquant que son numéro ne soit plus attribué. 
    
        - Non. C'est impossible... hoquette Catherine, la lèvre inférieure légèrement tremblante, tandis que ses traits reflètent la plus vive terreur.
    
        - Comment ça impossible ?... s'étonne Julie. 
    
        - Parce que la maison est vide. Cet homme qui vivait seul est décédé la semaine dernière ...!!!
 
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#Posté le mardi 05 avril 2011 09:08

Modifié le jeudi 15 décembre 2011 14:13

Le Cimetière - (SF - Stephan LEWIS) -

 
                                                        Le Cimetière - (SF - Stephan LEWIS) -Le Cimetière
              
 
Stephan LEWIS
 




 
 
 
 
 
 
          
 
          Il y a des cimetières, dont l'atmosphère étrange et inquiétante inspire les plus terrifiantes légendes. C'est le lieu privilégié des goules, des fantômes et des vampires.
        
        1er novembre 2010 ... 5 h 05 du matin ...
       
        A l'aube naissante de la Toussaint, dans une petite agglomération du nord de la France, deux adolescentes, pressées de rentrer chez elles, empruntent un raccourci passant par le vieux cimetière.
       
       Alice et Béatrice, deux s½urs âgées respectivement de 15 et 16 ans, reviennent d'une mémorable soirée Halloween, fêtée en compagnie de plusieurs amis. L'ambiance était chaude et la veillée s'est agréablement déroulée. C'est donc avec regret qu'elles regagnent leurs pénates.
       
       La nappe de brouillard qui s'étend progressivement, tel un voile impénétrable, réduit la visibilité des lieux à peine sortis des ténèbres de la nuit, les rendant plus sinistres encore. Les branches dansent comme des serpents charmés par la musique du vent. Emmitouflées dans leurs parkas, capuches rabattues et malgré l'ambiance lugubre qui s'est installée, les deux adolescentes plaisantent avec insouciance, cherchant leur chemin dans l'obscurité. Elles se remémorent ces instants merveilleux passés précédemment avec leurs amis. Elles sont alors loin d'imaginer qu'elles n'oublieront jamais cette froide nuit d'automne.
       
       Elles viennent de froncer les sourcils et ont interrompu leur discussion pour prêter l'oreille ... Il leur a semblé percevoir un bruit étrange. Quelque chose comme une plainte, une sorte de gémissement. L'incident n'a troublé la tranquillité des lieux que l'espace d'un instant. Puis, plus rien ... Le silence s'est aussitôt rétabli.
       
        Les deux s½urs ont échangé des regards étonnés.
       
       - Tu as entendu ?... souffle Alice.
       
       - Qu'est-ce que ça pouvait être ?... murmure Béatrice, en embrassant les alentours d'un ½il inquiet et méfiant.
       
       - Certainement des corbeaux... imagine Alice, comme pour chercher réponse à une anxiété naissante.
        
       - Ou des revenants. Les fantômes se manifestent plutôt par des bruits de chaînes... plaisante Béatrice, la boutade assortie d'un frisson.
        
       - Ce ne sont que des croyances ridicules qui ont toujours couru les nuits d'Halloween... banalise Alice, en haussant les épaules.
        
       - Oui, mais ... sait-on jamais... persiste Béatrice d'un ton railleur, l'½il goguenard. N'oublie pas que cette nuit est celle des superstitions. Tous les esprits surnaturels sortent de leurs repaires pour flâner dans la nuit. Démons, fantômes, revenants, sorcières, ogres, vampires, morts-vivants, momies tueuses et j'en passe, sortent de l'ombre pour chercher leurs proies ...
        
       - Arrête, tu me fais flipper !.. rétorque nerveusement sa s½ur, manifestement peu encline à supporter les niaiseries de son aînée.
        
       L'oreille aux aguets et les sens à fleur de peau, les voici tout à coup attentives au moindre bruissement, scrutant longuement les ténèbres, tentant de saisir à nouveau cet étrange geignement. Mais seul le silence répond une nouvelle fois à leur attente. Tout est noir autour d'elles ... Aucun bruit ... Rien ... Rien que ce grand silence sépulcral, faisant maintenant plus de bruit dans leurs têtes que n'importe quoi. Elles sont néanmoins certaines d'avoir entendu quelque chose. On ne saurait s'y tromper. Cet endroit paisible, qui inspire le repos et le respect, leur semble tout à coup hostile, comme animé d'une vie interne. Et elles prennent peur.
        
       N'étant pas spécialement amatrices de frissons, et la gorge nouée par une angoisse naissante, elles ont pressé le pas, impatientes de quitter rapidement les lieux. Etant donnée l'ambiance pour le moins angoissante, voire troublante, qui s'est installée, un simple coup de vent pourrait faire croire à une multitude de choses terrifiantes. Afin de se redonner un peu d'assurance, elles ont repris un semblant de conversation, tentant de penser à autre chose en évitant de nourrir leur imagination de sordides superstitions.
       
       - Ecoute !... tressaille de nouveau Alice, en agrippant le bras de sa s½ur dans un mouvement trahissant son désarroi.
       
       - Voilà que ça recommence !... s'angoisse à son tour Béatrice, une flamme d'inquiétude dans le regard.
        
       Cette fois, le même bruit suspect s'est fait entendre à trois reprises, de plus en plus rapproché, comme une présence invisible, mais bien réelle ... Elles redoutent brusquement que quelque chose se tienne tapie, là, quelque part, dans le royaume des ombres. La tension est montée d'un cran, se faisant plus intense. Les tombes qui les entourent semblent avoir pris un aspect sinistre, leur donnant la chair de poule. Le seuil de nervosité a été franchi. Les deux jeunes filles sont à présent sujettes à une étrange sensation, comme si tout, dans ce cimetière, les surveillait subitement. L'appréhension d'une mystérieuse présence se fait de plus en plus sentir. Et c'est un sentiment d'insécurité qui les envahit progressivement.
       
       - Nous ne sommes pas seules... glisse Béatrice au creux de l'oreille de sa s½ur, en posant une main tremblante sur son épaule.
       
       - Qu'allons-nous faire !... panique déjà Alice, d'une voix crispée.
       
       - On bifurque sur la gauche en vitesse... lui rétorque Béatrice, en s'exécutant précipitamment
        
       Affolées, jetant des regards déroutés aux alentours, elles se sont mises à courir, avec la désagréable impression de se sentir dans la peau d'un animal traqué ... Lorsque soudain ... des crissements sur le gravier leur ont fait dresser le poil ... Le front couvert d'une sueur froide, elles ont stoppé leur course folle. L'une comme l'autre semblent terrifiées. Elles ont acquis la certitude que quelqu'un les suit ... La peur au ventre, elles épient le voisinage, s'efforçant de se rassurer mutuellement ...
       
       Il se passe sans aucun doute quelque chose d'extrêmement sinistre et menaçant dans le cimetière.
       
       - Là ! ... s'est écriée Alice d'une voix blanche, en tendant le bras.
       
       La lumière blafarde diffusée succinctement par l'un des rares réverbères, leur dévoile furtivement une ombre fugitive qui a semblé se glisser entre les tombes.
       
       - Par ici ! ... a lancé Béatrice, en saisissant sa s½ur par la manche pour l'entraîner à sa suite.
        
       Et c'est sans demander leur reste, qu'elles ont repris leur débandade, cherchant à travers l'obscurité le chemin menant vers la sortie.
      
       Les poumons en feu, vacillant entre les sépultures fleuries de chrysanthèmes, elles ont à présent perdu leurs repères, ne sachant plus où elles sont, telles des aveugles perdues au milieu des tombes.
       
       Mais elles ont de nouveau marqué un temps d'arrêt, subitement figées dans une immobilité de statue. Quelque chose d'insolite vient de capter leurs regards. Elles fixent, avec effroi, la forme fluidique semblable à une image spectrale qui se profile dans le brouillard, à moins d'une dizaine de mètres devant elles... Elle est encore floue, mais se dirige sans bruit dans leur direction. Et le silence, qui a repris possession des lieux, leur paraît soudain plus lourd, plus oppressant, enfantant un suspense insoutenable.
       
       Béatrice a senti son estomac se contracter ; tandis que Alice, le visage décoloré marqué par une expression d'effroi, a laissé fuser un cri de stupeur d'entre ses lèvres. Elle a empoigné le bras de sa s½ur pour le serrer convulsivement, comme pour se chercher une protection ... L'une, comme l'autre, ont soudainement pris conscience que cette hantise qui les tenaillait depuis quelques minutes allait, sans plus tarder, se concrétiser en une réalité assurément insoutenable. Elles appréhendent et anticipent cette fatale rencontre avec son cortège de cauchemars terrifiants. Paralysées par la frayeur, une boule d'angoisse les empêche de déglutir et plus aucun son ne parvient à sortir de leur bouche. Et c'est avec une lueur d'effroi dans les prunelles, qu'elles observent cette singulière vision à la démarche traînante, qui s'avance et se précise, prenant corps peu à peu. Elle se révèle aussitôt être une jeune femme de taille moyenne, drapée dans un long manteau démodé à col de fourrure aux tons bleutés si intenses, qu'ils pourraient rivaliser avec ceux d'une nuit sans lune..
       
       - Que faites-vous ici à pareille heure ?... a lancé une voix anonyme, les faisant sursauter et émanant de cette forme ahurissante.
       
       Eberluées, les deux jeunes filles, dont les visages reflètent la plus extrême frayeur, ne semblent pas avoir correctement interprété le sens des paroles prononcées.
       
       - Je vous ai fait peur ?... s'assure aussitôt l'étrange silhouette.
       
       - Qui ... qui êtes-vous ?... risque timidement Béatrice, les traits crispés et d'une voix étranglée.
       
       - Je suis celle qui règne sur ces lieux abritant les créatures de l'oubli, en quête de visiteurs nocturnes... rétorque l'insolite présence à l'intonation lugubre.
      
       Les deux s½urs, prises d'un tremblement incontrôlable et dont les cheveux se sont littéralement dressés sur la tête, ont pressenti leur dernière heure arrivée. Au bord des larmes et le c½ur battant à un rythme endiablé, elles se sont serrées l'une contre l'autre en échangeant des regards effarés.
       
       L'inconnue n'a pas tardé à les rejoindre. Elle est à présent à leur côté et dégage une forte odeur corporelle éc½urante. Une longue chevelure couleur de lin lui tombe jusqu'aux épaules. Elle doit friser la quarantaine. Son visage aux pommettes saillantes, fin et aussi pâle qu'un mannequin de cire, semble curieusement fait d'une porcelaine adaptée à l'obscurité.
       
       - Je plaisante... se presse-t-elle d'ajouter d'une voix monocorde... En fait je regagne mon domicile et je suis en retard. Mais vous ne devriez pas traîner par ici à une heure aussi tardive ! ...
       
       - C'est que ... nous revenons d'une soirée Halloween et nous rentrons à la maison. Mais nous nous sommes égarées dans le cimetière... lâche mécaniquement Béatrice du bout des lèvres, la bouche tremblante, dominant péniblement sa panique, impressionnée par cette étrange rencontre qu'elle détaille d'un regard dérouté avec une certaine appréhension..
       
       - Vous vous êtes donc perdues dans le brouillard... poursuit la femme au grand manteau, en les enveloppant de ses yeux noirs au regard froid.
       
       Durant ce bref examen silencieux, un sentiment d'insécurité s'est emparé des deux s½urs, visiblement mal à l'aise. Le regard intense que cette inconnue a posé sur elles, a quelque chose d'inhabituel, de stressant. Elles ont senti que ses yeux d'ébène les scrutaient au plus profond d'elles-mêmes.
       
       - La sortie n'est pas bien loin. Je vais vous guider. Je connais parfaitement les lieux... déclare-t-elle sur un ton aux inflexions des moins engageantes.
       
       Puis, sans rien ajouter et d'un geste approprié, l'étrange inconnue les a enjointes à la suivre ...
       
       Et c'est submergées par une vague d'inquiétude, que les deux adolescentes, au bord des larmes, se sont senties dans l'obligation d'obtempérer.
       
       Le brouillard s'est encore épaissi, pour se transformer en un coton opaque. Déambulant de tombes en tombes, sans avoir échangé la moindre parole avec leur énigmatique guide, elles ont parcouru une cinquantaine de mètres. Des sépultures anciennes, à moitié écroulées, mangées par le lierre ou couvertes d'une végétation extravagante, voisinent avec des chapelles et des caveaux, inspirés des architectures les plus farfelues. Mais voici que l'inconnue au grand manteau vient de quitter l'allée qu'elles avaient empruntée, engageant les jeunes filles à la suivre. Elle s'est dirigée vers un mausolée en granit noir ornée de mosaïques. Trois anges déchus en pierre de taille, paraissant se livrer à des occupations étranges et inquiétantes, semblent en interdire l'accès. Ils incarnent visiblement le mal absolu, comme autant de divinités déchues appartenant à l'aspect obscur de la création. Elle leur a désigné l'entrée du tombeau, dont la porte en fer s'est ouverte à leur approche dans un grincement des plus sinistres.
       
       - C'est ici qu'est ma demeure... déclare-t-elle le plus naturellement du monde d'une voix désincarnée, à la stupéfaction des deux adolescentes, brutalement précipitées dans un océan de stupeur paralysante.
       
       Béatrice, l'½il dilaté par une terreur sans bornes, a senti les doigts de sa s½ur se crisper sur son bras en un mouvement de terreur ; tandis qu'une onde glacée a couru le long de son échine.
       
       - Il est extrêmement rare de recevoir des visiteurs en ces lieux à la naissance du crépuscule, et il est temps, à présent, d'entrer rejoindre les autres... ricane l'énigmatique créature féminine avec une ironie glacée dans le son de sa voix, en rejetant sa chevelure en arrière d'un brusque coup de tête. Puis, se saisissant des deux s½urs à l'aide de ses mains blanches aux ongles démesurés, comme s'ils n'avaient pas été entretenus depuis des lustres, elles les a entraînées à sa suite dans le tombeau qui s'est refermé derrière elles.
       
       Les hurlements de terreur des deux jeunes s½urs, étouffés et à peine audibles, se sont vite perdus dans les méandres de la crypte de la femme au long manteau.
       
       - Voici la triste histoire de deux jeunes adolescentes qui vous ressemblent et qui ont fait fi des conseils de leurs parents en sortant les nuits d'Halloween ... sourit la maman des deux jeunes s½urs en refermant le livre du " Cimetière – de Stephan LEWIS ", avant de le déposer sur le rayonnage de la bibliothèque.
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